Les plus aisés et les plus défavorisés ont en commun ce même amour d’une Provence idéale, mythique, où la joie de vivre sur une terre de légende panse un peu les plaies sociales.

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Le dénominateur commun de tous les Provençaux, c’est un sadisme bon enfant devant la météo du 20h, quand on constate que le reste de la France est englué dans la grisaille alors que chez nous, malgré le froid, le ciel est bleu et rayonnant.

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L’historienne Sandrine Krikorian est une pure Provençale, amoureuse de cette région qui l’a façonnée et qu’elle habite toujours. Passionnée par la gastronomie et les arts de la table, elle leur a consacré sa thèse en histoire de l’art, soutenue en 2008 à l’université d’Aix-Marseille. Elle est notamment l’auteur de Tables des riches, tables du peuple. Gastronomies et traditions culinaires en Provence du Moyen Âge à nos jours. Guide-conférencière, elle œuvre à la promotion du patrimoine culturel de Provence et aspire à rapprocher la recherche universitaire du grand public. Elle a œuvré à reconstituer les grands repas de fête en Provence, du Moyen Âge à l’époque de Frédéric Mistral, et se passionne pour ses rites et traditions festives.
Je rencontre Sandrine Krikorian dans son village de Saint-Martin-de-Crau. C’est au cœur de cette région rurale, où la vie fut longtemps rythmée par les grandes transhumances, qu’elle a écrit son dernier ouvrage, Bergers et moutons de la Crau à l’alpe : pastoralisme et transhumance de la Préhistoire à nos jours à paraître courant 2019 (…).

Question : Vous avez consacré une grande partie de votre recherche à la gastronomie provençale et à ses représentations. Elle reste un facteur important d’attractivité touristique du Sud de la France.
Réponse : Les touristes qui viennent en Provence recherchent un art de vivre idéalisé, un rêve de soleil, de chant des cigales et oui, de gastronomie provençale. (…)

Question : Vous avez beaucoup travaillé sur ces traditions festives, notamment dans le monde rural. L’agriculture a largement perdu sa place prépondérante en Provence mais l’identité de la région reste ancrée dans la ruralité.
Réponse : Les traditions ancestrales qui faisaient encore partie de la vie de nos grands-parents n’existent plus telles quelles. Nous sommes ici dans la Crau. C’est une plaine immense d’herbe sèche, une steppe européenne présentant une végétation qui n’existe nulle part ailleurs. (…)

Question : Vous évoquez des mutations de l’identité provençale.
Réponse : L’identité provençale est en plein métamorphose. Nous sommes à la fin d’une civilisation. (…)